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Comment nous, les ouvriers du numérique, pourrions produire un Internet moins polluant ?

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Comment nous, les ouvriers du numérique, pourrions produire un Internet moins polluant ?

On voit passer de plus en plus d’articles sur l’impact de l’industrie numérique sur la planète.

Surprise 😉 ! Le numérique “pollue”. Du moins, pourrait-on dire plus platement qu’il consomme de l’énergie et qu’il en consomme de plus en plus (lire l’excellent article du Monde à ce sujet : Pourquoi le numérique contribue de plus en plus au réchauffement climatique). Dans quelles proportions ? Eh bien, assez importante, puisqu’on estime que 4% des émissions de CO2 dans le monde proviennent du numérique. Et cette part n’est pas près de se réduire, bien au contraire.

Dans ce contexte, il est vraiment intéressant de revenir un peu en arrière dans le temps et de voir notre changement de considération par rapport au numérique en ces temps de pandémie, de réchauffement climatique et de Don’t Look Up (film dénonçant la cécité des dominants face à la catastrophe qui nous guette).

Qui se souvient de l’entreprise sans papier ?

Quand les emails ont commencé à être utilisés, la plupart y voyaient un moyen de lutter contre le gaspillage de papier. Je n’ai pas les chiffres, mais on peut facilement imaginer que depuis plus de 20 ans, l’email et les autres moyens de communication ont largement supplanté le courrier papier et toute sa cohorte de sources de pollution (rien que le transport, ça devait déjà faire beaucoup).

Il y avait alors, je m’en souviens très bien, dans les années 2000, un engouement joyeux pour toute cette communication électronique. On parlait même d’entreprise sans papier. Et on allait voir ce qu’on allait voir. Internet allait sauver la planète. Si, si ! Et oui, déjà, au début des années 2000, pas mal de monde s’intéressait au sort de notre monde, même si la conscience du réchauffement climatique était encore lointaine dans les esprits.

Et l’iPhone remplaça tous nos objets du quotidien

En 2006, un génie (il faut bien l’appeler comme ça), Steve Jobs, mit sur le marché l’iPhone. Personne (et je pense, pas même lui) n’entrevoyait la révolution dans les foyers qu’allait entrainer la commercialisation de ce nouveau type de téléphone. Depuis sa naissance (celle de l’iPhone, pas de Steve), sans doute que plus de 1 milliard d’iPhone ont été vendus… Et ça, c’est sans compter les téléphones d’autres marques. Ça peut paraître beaucoup… beaucoup en terme d’impact sur l’environnement. On le sait, tous les chiffres le disent aujourd’hui, les iPhones et autres smartphones sont gourmands en terres rares, ces matériaux indispensables à leur fonctionnement, mais qui… rares, elles le sont de plus en plus. Sans compter la problématique de leur recyclage.

Mais là encore, sans qu’on s’en doutât à l’époque, l’iPhone et les autres téléphones, offraient tant de possibilités fonctionnelles que, très rapidement, ils remplacèrent de nombreux objets de la vie quotidienne.

D’une manière plus générale, le numérique a sans doute contribué beaucoup plus que toute autre technologie à la réduction de l’impact carbone sur la planète des activités humaines. Qu’on songe aux tonnes de CO2 non émises grâce à la visioconférence, à titre d’exemple simple.

Mais le numérique, sauveur, réellement, ou fossoyeur de la planète ?

A ce stade de l’article, évidemment, j’en vois déjà pas mal bondir, en me rétorquant que… comme beaucoup de progrès technologiques, le ver est dans le fruit. Et, en effet, c’est vrai, on ne peut pas non plus nier que la facilité du numérique, sa grande sobriété originelle n’a pas engendré les externalités négatives habituelles que l’on connait bien quand un progrès apparait.

En automobile, par exemple, plus vous rendez sobre un moteur à énergie fossile, plus les gens auront tendance à l’utiliser. La baisse de consommation grâce à l’innovation est donc contrebalancée par une augmentation de la consommation par l’augmentation de l’usage à coût équivalent.

Avec le numérique, c’est pareil. Les gains en consommation d’énergie sont tels par individu qu’ils entraînent naturellement une augmentation de l’usage globale, contrebalançant le gain initialement estimé.

Le problème est que tout cela est bien difficile à mesurer. Et que généralement, il est plus facile de montrer l’impact global du numérique sur l’environnement sans se préoccuper de ses externalités positives que d’aller chercher plus loin et se demander ce que nous fait réellement gagner le numérique.

Et je suis prêt à prédire que, dans le contexte de l’époque, nous n’aurons jamais la réponse à cette question. Ce qui nous laissera pour la plupart dans un doute certain et paralysant.

Alors comment nous, les ouvriers du numérique et les entreprises, devons-nous nous comporter ?

Alors que faire ? Comment se comporter ? Et comment, quand on est un ecommerçant, un marchand, une entreprise, comment contribuer autant que faire se peut, sans nuire à sa marche des affaires, comment répondre au plus grand défi du XXIème siècle ? Comment s’en préoccuper ?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la réponse n’est pas simple. Convaincre les responsables, les dirigeants et dirigeantes d’entreprises, de se préoccuper d’écologie au sein d’une entreprise marchande n’est pas si facile. Étant entendu que je ne parle dans cet article que du sujet qui nous préoccupe habituellement : la conception et la production d’applications numériques.

Jamais facile de convaincre vos n+1, n+2, etc… (extrait de Don’t look up)

Réduire l’impact carbone d’un site web est une chose parfois assez facile à réaliser, mais pas si simple à mesurer. Et pour des gains pas toujours aussi substantiels que ça en termes financiers (qui sont le critère principal de raisonner de toutes les entreprises ;-)). Car si tout le monde est convaincu qu’il faut sauver la planète, tout le monde n’est pas convaincu qu’il faille investir de l’argent, SON argent, c’est à dire celui de l’entreprise, pour le faire.

Mais comment convaincre son patron de sauver la planète ?

Une des premières difficultés pour avancer sur le chemin de l’éco-conception ou de l’eco-design consiste justement à se convaincre et à convaincre les autres qu’il faut bien s’y mettre. Toutes statistiques mises à part, cette nécessité, pour nous, chez Wex, ne pose pas de questions.

En revanche, quels arguments mettre en avant pour y parvenir est plus compliqué et nécessite de s’abstraire de l’émotion qui nous étreint lorsque nous parlons de ce genre de sujes et de revenir plus simplement à des aspects pratiques de l’écoconception. Et… un de ces aspects pratiques, cela tombe bien, c’est qu’une bonne UX est un vecteur de simplification des interactions, et donc, in fine, de la réduction de l’impact carbone.

Écrit comme cela, cette assertion résonne un peu comme un boulet de canon lancé à la mer, mais, à la regarder de plus près, elle pourrait bien faire bouger plus de monde que vous ne l’imaginez.

Et c’est en tout cas un des arguments que nous avons défendu lors de notre dernier webinar sur l’écoconception, dont les propos étaient largement inspiré d’un livre sur l’éco-conception du britannique Tom Greenwood pas encore paru en France : Sustainable Web Design.

Pourquoi cela ?

Vendre de l’écodesign sans parler d’écodesign

Parce que quand vous voulez “vendre” une idée ou la promouvoir, il ne faut peut-être pas parler directement de ses avantages, mais des avantages induits que cette idée peut rapporter. Et avec l’éco-conception, on en a un exemple tout simple.

Plutôt que d’essayer de perdre votre temps à essayer de convaincre vos big boss à essayer de sauver la planète, faites leur plutôt comprendre qu’il y aurait à améliorer l’UX de votre site en optimisant sa vitesse de téléchargement et d’affichage.

  • en “nettoyant” le code et en éliminant celui qui est inefficace = dégraissage
  • en simplifiant le design de votre site = simplification
  • en optimisant les médias audio et vidéo = dégraissage aussi

Ces 3 actions, simples à mettre en œuvre, on plusieurs avantages non négligeables :

  • nettoyer le code améliore les temps de chargement favorise l’engagement et le temps de navigation = meilleure UX
  • simplifier l’apparence du site améliorer sa compréhension et son usage = meilleure UX
  • optimiser les médias améliore le temps d’accès à l’information = meilleure UX

Or meilleure UX = meilleur SEO = meilleure conversion = meilleur bilan carbone

Conclusion

Et c’est un exemple parmi d’autres. Il faut bien sûr savoir parler d’éco-conception en entreprise, mais pour faire passer les idées, même si vous êtes convaincu de votre bonne foi et sûr d’avoir raison, réfléchissez toujours à la manière dont ceux qui détiennent les cordons de la bourse peuvent réagir. Non pas, forcément, qu’ils soient contre vos préceptes, mais plutôt qu’en bon gestionnaire, ils ont toujours besoin d’en savoir un peu plus que des belles idées pour agir, même si elles sont animées des meilleures intentions.

Excellente journée à vous !

(photo de l’article, Marc-Olivier Jodoin)


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