Blog

Retour aux articles

Anti-UX : Et si on arrêtait de faire de l’UX ?

Partager

1344

Anti-UX : Et si on arrêtait de faire de l’UX ?

Depuis des années, on vous dit qu’il faut faire de l’UX sur vos sites, vos apps, mais ce besoin de rendre les expériences utilisateurs uniquement orientés vers la performance ne tuent-ils pas l’esprit de marque et l’originalité ? Ne faudrait-il pas maintenant un peu revenir en arrière ? Et si on inventait l’anti-UX ?

Un joyeux chaos d'éléments d'interface utilisateur colorés, dans le style bande dessinée des années 50.

L’UX a fait la preuve que trop d’UX tue le plaisir de l’expérience

En faisant ma veille, je suis tombé sur un article qui a éveillé ma curiosité : Drift, l’app anti-UX. Le tuyau m’avait été donné par Perplexity, le moteur de recherche IA que j’utilise tous les jours dans Comet, un de ces navigateurs nouvelle génération, censé faire de l’ombre à Google Chrome, et rafler le trafic de la porte d’entrée du Web, mais bref…

Quelle ne fut pas ma déception de découvrir que Drift n’était pas un vrai projet, mais un exercice de style, et je me suis demandé comment il était arrivé là, dans mon navigateur, vraisemblablement par une maîtrise absolu du GEO… je ne sais pas…

Toujours est-il que l’article abordait un concept intéressant : celui de l’anti-UX.

L’anti-UX : une tendance qui n’existe pas… encore.

Je ne pense pas que cette tendance existe réellement… en tout cas, elle m’a été présentée comme telle par Perplexity, mais elle m’a tout de suite séduit. Eh oui, pourquoi continuer à s’obstiner à faire des apps ou des sites webs qui respectent tous les best-practices de l’UX si c’est pour fabriquer des interfaces qui ressemblent toutes plus les unes que les autres ?

Le sujet n’est pas nouveau : nombreux sont les designers à critiquer l’homogénéisation du design des interfaces de sites, notamment celles des sites de ecommerce, mais aussi celles des apps, dont la poursuite insensée des guidelines finit par produire de l’ennui à la chaîne.

Et j’ai trouvé ce détail intéressant !

Produire de l’ennui à la chaîne semble être devenu le nouveau mantra du digital

Oui, pourquoi ne pas faire l’inverse de ce que nous faisons actuellement, pourquoi mettre toujours l’UX au premier plan, et pourquoi ne pas s’intéresser plus à la marque, au branding ? N’oublions pas que la marque est le plus puissant des vecteurs d’attachement et de fidélisation. Une bonne marque vaut toutes les bonnes UX, et surtout, une bonne marque n’a pas forcément besoin d’une bonne UX. Et ça, c’est un point vraiment important à comprendre.

On m’a souvent demandé comment il se faisait qu’un site aussi compliqué que Cdiscount arrive à dominer le marché français, alors que, manifestement, l’UX aurait largement pu être améliorée, et je répondais souvent que, justement, la marque Cdiscount était dans le design de son site, que la volonté consciente d’en faire un site où l’on fouille, où l’on transpire pour trouver la bonne affaire, était justement l’ADN de Cdiscount, autrement dit que l’UX pénible de Cdiscount faisait partie du concept de Cdiscount, celui de trouver la bonne affaire, et qu’il aurait été antinomique d’en faire un site facile à utiliser.

Cela remonte à quelques années maintenant, et Cdiscount s’est finalement plié aux sirènes de l’UX… en y perdant son âme ? Peut-être… en tout cas, c’est désormais un site bien moins remarquable qu’auparavant et qu’on ne peut plus montrer en exemple en conférence pour vous dire ce que je viens de vous dire.

Cela voudrait-il dire qu’il faudrait désormais essayer de faire n’importe quoi pour s’affranchir de l’UX et qu’il faudrait maintenant oublier ce qu’on a essayé d’améliorer depuis plus de 20 ans sur les interfaces digitales ? Non, pas forcément… ce que cela veut dire, c’est qu’il serait temps, dans le digital, de remettre la marque sur le devant de la scène, et même plus que la marque, l’identité visuelle, ce qui fait l’ADN de toute entreprise, sa personnalité… et parfois, oui, pourquoi pas, au détriment un peu de l’UX.

Je ne suis pas en train de dire que pour un outil de productivité, un tableur, un CRM ou une app de gestion, il faut oublier l’UX, je suis en train de dire, plutôt, que la finalité d’un produit digital ne peut pas être qu’avoir une UX parfaite… et qu’il faut aussi mêler cet ingrédient avec celui de l’identité de marque.

Anti-UX : et si on créait des expériences funs ?

Après tout, les gens s’en fichent de savoir si vos boutons respectent ou pas les bonnes règles de l’ergonomie… dans de nombreux cas, ce qu’ils veulent, c’est du fun, de la surprise, de la nouveauté, de l’originalité, et tant pis, si c’est en dépit du bon sens, tant pis si on marche sur la tête… Une app qui surprend, une entreprise qui surprend (regardez l’histoire de Starbucks qui est arrivée, cette semaine), c’est mieux qu’une entreprise qui ennuie… tiens, exactement comme, comme… Apple ! Une marque que j’ai toujours adorée, mais qui est devenue tellement standardisée, tellement excellente dans son approche, tellement systématique, qu’elle a totalement fini de me surprendre et de m’attirer… J’aime toujours Apple, mais qu’est-ce que le Apple de Steve Jobs me manque… il y avait dans cette marque, non seulement, une capacité d’aboutissement incroyable, mais aussi un grain de quelque chose qui n’existait pas ailleurs, et en faisait autre chose qu’un simple leader.

Dans vos designs, que ce soit celui de votre site ou d’une app, pourquoi, désormais, ne chercheriez-vous pas à créer autre chose que l’UX parfaite, et pourquoi ne chercheriez-vous pas le petit, ou les petits détails, ceux qui peuvent faire de vous une marque, et faire qu’on parle de vous ? A titre d’exemple, je vous invite à aller voir Incommonwith.com, un site où vous pouvez littéralement “allumer la lumière” dans les rayons.


-->

Nouveaux articles