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L’écodesign peut-il entraîner l’effet rebond ?
On le sait tous : parfois, créer des machines moins gourmandes en énergie, plus sobres, peut entraîner, paradoxalement, plus de dépenses d’énergie.
C’est ce qu’on appelle l’effet de rebond et il est fort connu quand on parle, par exemple, du domaine de l’automobile.
Les voitures d’aujourd’hui sont, par exemple, bien moins gourmandes que leurs aînées des années 70, mais pour autant, l’Automobile continue à polluer de plus belle, parce qu’en réduisant les coûts de consommation des moteurs de voitures, les gens se sont mis à rouler plus, plus souvent, plus longtemps, par compensation du prix. Annihilant l’effort qui avait été fait au niveau de chaque véhicule.
L’écodesign pourrait-il mener au même problème ?
A savoir, créer des sites plus sobres pourrait-il entraîner une plus grande consommation de ces sites ? Et ainsi, à nouveau, annihiler l’effort qui avait été fait pour réduire leur empreinte carbone ?
Eh bien, ça n’est pas sûr.
En effet, le coût de consommation d’un site pour un utilisateur est nul (en termes pécuniaires). Qu’il l’utilise une heure ou deux heures ne changera rien pour son porte-monnaie. Tout au plus réduira-t-il un peu sa facture d’électricité, mais cela sera tellement négligeable qu’il n’y verra que du feu.
Autrement dit, rendre un site plus éco-responsable ne va pas entraîner chez le consommateur un besoin accru d’utiliser ce site.
Bien sûr, cela ne va pas dire qu’il n’y aura impact sur la consommation de bande passante du Web, mais un site éco-conçu, c’est à dire moins gourmand en énergie pourrait sans doute avoir surtout deux effets un peu contradictoires, et, à mon avis, pas proportionnels l’un à l’autre.
Premier effet : un site éco-conçu devrait permettre en principe d’aller plus vite, d’accomplir ses tâches plus rapidement, plus efficacement, donc, et en gagnant du temps sur celui qui aurait été nécessaire pour accomplir les mêmes tâches avec un site non éco-conçu (petit rappel pour ceux qui ne le savent pas, l’éco-conception de site a fortement tendance à améliorer leurs performances de téléchargement et de vitesse d’affichage).
Cela pourrait très bien se confirmer dès lors qu’il s’agit de sites administratifs ou applicatifs, pour lesquels on est venu faire une chose en particulier. L’économie, dans ce cas, pourrait être flagrante.
Deuxième effet : un site éco-conçu devrait permettre d’aller plus vite pour passer une commande sur un site de ecommerce, mais, de part le confort d’utilisation qu’il offrirait, pourrait aussi permettre à des utilisateurs de passer plus de temps à faire du shopping, contrebalançant par là l’économie réalisée auparavant.
En fait, on le voit bien, il y a toujours deux facteurs à l’œuvre dans l’amélioration de la performance d’un site (ce qu’implique l’écodesign) : du temps gagné pour accomplir les tâches, du temps généré en plus pour continuer les mêmes tâches si elles font partie du domaine du loisir, du divertissement, dont le shopping fait partie, bien évidemment.
Mais, on pourrait se poser la question, ces deux effets s’annulent-ils ? En gros, ce que l’on gagne d’un côté, le perd-t-on de l’autre ?
Honnêtement, il n’est pas facile d’avoir de réponse tranchée… Même avec une étude… car il faudrait disposer de montagnes de données pour arriver à se faire une idée… et personne ne pourrait être capable de le faire, même Google…
Cela ne tranche pas le débat… Et sans doute qu’il faudrait explorer la question un peu plus loin, comme l’a fait récemment Tom Greenwood, expert ecodesign au Royaume Uni, que j’avais interviewé, et qui pense quand même que l’écodesign permet partiellement de s’affranchir de l’effet rebond : Are we trapped in the Jevons paradox?
Pour ma part, je ne pense pas qu’il faille réellement se poser la question. Concevoir des sites plus légers, plus rapides, plus faciles à utiliser va dans le sens d’une bonne UX. Et c’est exactement ce que permet l’écodesign. Il ne faudrait donc pas s’en priver. Et donc, il reste tout à fait utile de s’interroger sur la performance de son site, tout en se disant que d’améliorer sa performance est, d’une certaine manière, aussi une façon de réduire les émissions de CO2, malgré le fameux effet de rebond.
Que pourrions-nous faire d’autre sinon ?