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Non, les interfaces vocales ne vont pas faire disparaître nos écrans !

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Non, les interfaces vocales ne vont pas faire disparaître nos écrans !

Les interfaces vocales font le buzz ! Vont-elles envahir nos vies ?

Et c’est tout le contraire qui risque d’arriver. Malgré le buzz qui entoure ces nouvelles interfaces, et suite à la démo bluffante de Google lors de I/O Google, sa conférence annuelle, penser que demain toutes nos interactions se feront à travers les interfaces vocales est une grossière erreur.

Les interfaces vocales ne peuvent pas tout !

Tout d’abord, les interfaces vocales sont loin d’être au point. Quelques utilisations à titre personnel, plus quelques tests, plus un usage régulier, laissent facilement voir que la fluidité et l’intelligence qu’on attend d’elles sont loin de pouvoir fournir une expérience satisfaisante à la fois pour la masse et, à la fois, pour des tâches compliquées. Et les annonces faites par Google sur la possibilité d’enchaîner des questions/réponses dans un contexte, le fait de ne pas avoir à dire “Ok Google” pour activer l’assistant, montre que les progrès à faire restent encore immenses par rapport aux promesses.

 

D’autre part, le tout vocal n’a pas de sens. L’être humain, lui même, ne s’exprime pas uniquement par la voix. Pour interagir, il a besoin d’images, ne serait-ce même que dans la communication verbale. Il est connu qu’au téléphone, nous perdons un bon pourcentage de nos capacités à interpréter les intentions de notre interlocuteur, tout simplement parce que nous ne le voyons pas et perdons tous les signes de communication non verbale. Mais plus encore, les interfaces vocales ont la même limitation que les humains pour les mots. Parfois, un dessin (ou une image) vaut mieux que mille mots. Evidemment ! Comment allez-vous faire pour décrire plusieurs sortes de rouleaux de papiers hygiénique à votre Amazon Echo lorsque vous souhaitez refaire votre stock ? Comment décrire un vêtement ? Comment même, naviguer simplement dans une liste de produit uniquement à la parole sans même voir cette liste produit ? Amazon y a vite apporté une réponse : en dotant son assistant vocal d’un écran. C’est le Echo Show. Et Google est en train de faire de même en licenciant son Google Home à d’autres fabricants qui vont pouvoir y ajouter un écran.

 

En réalité, le vocal n’a pas vocation à remplacer le visuel partout, mais uniquement dans des situations particulières., lorsque, notamment l’utilisateur est occupé à faire autre chose. Ce qui inclue les activités comme conduire, faire la cuisine, être occupé à une tâche professionnelle, ou plus simplement pouvoir piloter une activité quand le moindre appareil, téléphone, tablette, télécommande, etc n’est à portée de la main (encourageant par là, notre tendance naturelle propension à faire le moins d’efforts possibles).

Ne nous laissons pas bercer par les sirènes du vocal !

Même si la technologie est prometteuse et qu’il n’y a aucun doute qu’elle va bouleverser nos usages dans les 2 ou 3 ans à venir, il ne faut pas en attendre des miracles.

Certes, il sera possible à terme de remplacer des humains pour répondre au téléphone (mais pas complètement), mais cela restera une minorité d’usage.

 

En revanche, il est très probable que le vocal s’immisce dans toutes les interactions comme un complément d’accès aux fonctions de pilotages d’une application, d’un service, d’un site web. Les gens en prendrons doucement l’habitude, mais ça non plus n’est pas gagné. Il faut des années avant qu’une nouvelle interface soit pleinement acceptée par les utilisateurs finaux. Ceux qui sont assez vieux pourront se souvenir du temps qu’à mis la souris pour s’imposer à tous (et il y a pas mal d’anecdotes amusantes à raconter sur ce sujet).

Même si les GAFA tentent d’imposer leur usage à des enfants (c’est déjà le cas), le temps que des populations entières changent et adaptent leurs habitudes à ces interfaces sera long, de l’ordre d’une bonne dizaine d’années.

Mais tout cela ne devrait pas vous empêcher de tester et de vous faire votre propre idée.

Je pense toutefois que l’on reste encore dans le domaine de l’expérimental et que bâtir des business model entier sur le seul principe du service vocal reste encore dangereux. Mieux vaut tenter de le saupoudrer, de l’immiscer doucement au sein de l’existant, d’en mesurer et auditer correctement l’activité, puis de pousser lentement ses pions dans la bonne direction.

 


 

Photo by Colin Maynard on Unsplash

 


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