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Un horodateur n’a pas besoin d’une bonne ergonomie. Votre site si !
Pourquoi les horodateurs de la ville de Brive se moquent de l’ergonomie et pourquoi vous ne pouvez pas faire la même chose avec votre site web
Quand je vois l’interface de cet horodateur, croisé pendant mes vacances du côté de Brive la Gaillarde, en Corrèze, je me demande bien comment les ingénieurs qui l’ont conçu, ont pensé à son design. Et j’imagine bien les réunions qui ont donné lieu à ce cauchemar ergonomique :
“Et le clavier, on le met où le clavier ?
– Ben, là, en bas, y reste de la place.
– Mais ça rentre pas.
– Pas grave, tu changes la forme et ça rentrera.
– Ok. Et les boutons ? On met pas de libellés ?
– Non, on les mets sur l’écran, comme ça on peut écrire en plusieurs langues.
– Ah super, mais c’est pas très intuitif du coup.
– Mais si, il suffit de le savoir.
– Ah ouais, t’as raison.
– Par contre, on est obligé de mettre autant de textes sur un petit écran ?
– Ah, je sais pas, moi, c’est le cahier des charges !
– Ok !”
Un cas d’école pour les ergonomes
Si l’on voulait montrer tout ce qu’il ne faut pas faire en ergonomie, cet horodateur constituerait un très bon cas d’école. Prix cachés, instructions incompréhensibles, guidage nul, clavier non conventionnel : la liste des erreurs perpétrées bat des records. Et pourtant, nul doute que la ville de Brive, qui tire des revenus de ces affreuses machines, n’en soit pleinement satisfaite. Ce qui n’est pas surprenant. Lorsque vous voulez garer votre voiture et rester dans le droit chemin, payer 1€ pour 1h de stationnement vaut bien un effort. Un effort qui n’est rien comparé à la somme dont vous devriez vous acquitter si vous vous retrouviez en flagrant délit de non paiement pour stationnement. Et tant pis si vous devez passer deux ou trois minutes pour y arriver.
Ce raisonnement , ce calcul, c’est amusant, c’est exactement le même que celui que vous faites lorsque vous décidez d’acheter quelque chose en ligne. Plus votre désir (ou votre obligation) est grand, plus vous êtes prêt à franchir les obstacles pour l’assouvir. Si vous voulez acheter le dernier iPhone X, rien ne vous arrêtera ! Pas même le tunnel de commande sans fin de Apple.com
Dans les deux cas, vous répondez à une injonction, une injonction si forte que vous êtes prêt à tout faire pour y répondre.
Nous sommes la proie de nos désirs
La différence est que, sur un site de ecommerce, votre injonction n’est pas de risquer de prendre une amende. En revanche, il est, dans ce cas, celui de ne pas pouvoir assouvir votre sacro-saint Désir consumériste ! Ce dernier téléphone à la mode. Ce voyage. Cette jupe. Tous ces objets que les fabricants font reluire dans les vitrines des magasins et des sites webs provoquent en vous un besoin irrésistible : celui de posséder, comme dans la vidéo de la célèbre série IT Crowd, ci dessous.
Et lorsque l’objet de vos désirs vous aura mis le grappin dessus, le seul obstacle qu’il y aura entre vous et lui, hormis le contenu de votre porte-monnaie, sera l’effort que vous serez prêt à accomplir pour le posséder. A ce sujet, vous noterez qu’on peut prendre le désir dans les deux sens : il peut être une attirance. Mais il peut aussi être une crainte : ne pas voir à temps le dernier film à la mode, rater une super promo, ne pas assister au concert de [mettez le nom de votre idole préférée].
C’est le principe même du marketing que de créer ce désir. Et, par conséquence, c’est rôle de l’ergonome (ou de l’UX designer), de permettre de l’assouvir le plus rapidement possible.
Il est possible de se passer d’ergonomie, mais…
Et pourtant, on le voit bien, il est possible de se passer d’ergonomie pour faire “cracher les gens au bassinet”. Ce n’est pas la ville de Brive qui me démentira. Mais alors pourquoi tant de sociétés continuent quand même à investir des millions dans l’UX et l’ergonomie ?
Parce qu’un site web n’est pas un pré carré. Un acheteur aura toujours le choix d’aller voir ailleurs, sans aucun effort supplémentaire. Et non seulement, il risque de trouver moins cher, mais en plus, si c’est plus facile à faire, alors il le fera chez votre concurrent.
Ça vous dit quelque chose ?
Eh oui, c’est exactement sur ce principe que fonctionne Amazon. Meme si les offres n’y sont pas toujours les meilleures, c’est pourtant chez le géant américain que finissent une bonne part des achats en ligne en France.
Et l’ergonomie joue une grand rôle là dedans. On ne le répétera jamais assez : l’expérience utilisateur/client est une obsession chez Amazon. Et des années d’investissements dans ce domaine depuis sa création ont fait de ses sites et de ses apps de redoutables machines à cash. Demandez à votre entourage pourquoi ils achètent chez Amazon. La réponse, la plupart du temps, sera : “Parce que c’est pratique.”
L’UX/l’ergonomie n’est pas un investissement d’un jour
Alors, évidemment, il n’est pas question de vouloir concurrencer Amazon. Vous ne disposez certainement pas de ses moyens, ni de ses budgets, et vous n’avez certainement ni les ressources humaines, ni le temps, pour arriver au même niveau d’expérience utilisateur. Mais, en revanche, vous pourrez toujours faire mieux que vos concurrents qui ne s’intéressent pas à l’UX/l’ergonomie et qui pensent, comme les designers des horodateurs de la ville de Brive, qu’on n’a pas besoin de s’en occuper, puisqu’il y aura toujours des clients qui seront prêts à faire des efforts pour payer.!
C’est fou ce qu’un horodateur peut être inspirant, non ?
Attendez, ne partez pas !
Et à propos d’Amazon, n’oubliez pas de venir me rejoindre le 26 septembre à Lille pour une présentation gratuite et exclusive de la première étude UX sur les assistants vocaux commercialisés en masse désormais en France : Amazon Echo et Google Home. Vous serez surpris ! Inscription ici !!!
PS : Et pour ceux que ça intéresse, la photo de fond de l’article est une vue de la Vallée de la Dordogne, près de Brive 🙂