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Pourquoi il ne faut pas avoir peur des influenceurs de synthèse ?

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Pourquoi il ne faut pas avoir peur des influenceurs de synthèse ?

On semble toujours assez étonné de ces nouveaux influenceurs virtuels que sont ces avatars numériques créés de toutes pièces et ayant furieusement l’apparence de véritables humains.

Notre premier réflexe est souvent de nous outrer. “Comment ?” “Comment des gens peuvent-ils autant s’attacher à des personnes qui sont manifestement de fausses personnes ?” “L’humain est-il à ce point naïf pour qu’on puisse le manipuler avec des images de fausse réalité ?”

Mais cela est-il vraiment nouveau ? Et cela est-il vraiment tromper ?

J’ai l’impression que de tout temps, les artistes, des créatifs, ont tenté de recréer la réalité et de la magnifier afin de nous transcender… et de nous transporter dans des ailleurs qui nous font du bien.

J’en veux pour exemple la statuaire grecque antique classique où tous les corps représentés ont l’apparence de la réalité, mais, – et ceux qui ont fait des études d’art le savent – ne sont, en réalité, que des modèles améliorés du corps humains. Leurs tailles, leurs proportions, leurs visages n’ont rien d’humain, seulement l’apparence.

Réalité, ou seulement apparence de la réalité ? (Photo de Steve Barker sur Unsplash)

Et ça ne fut pas la seule fois dans l’histoire de l’art.

Que l’on regarde la peinture classique du XIXème siècle. Avant la photographie, les peintres essayaient plus ou moins adroitement de reproduire la réalité pour projeter les spectateurs dans un ailleurs surnaturel ou soi-disant “meilleur”.

La religion a aussi abondamment utilisé de ce stratagème.

Mais en plus de cette manière de vouloir utiliser l’illusion du réel pour nous enchanter et nous faire vivre des expériences extra-sensorielles, il y a autre chose qu’il faut noter. Notre capacité à nous laisser illusionner alors que nous savons bien que les choses sont fausses.

Nous aimons nous faire leurrer

Ça non plus, ça n’est pas nouveau.
Oui, nous aimons nous faire leurrer. Et, ce qui est le plus étonnant dans cette propension, c’est que nous aimons nous faire facilement leurrer, même si le stratagème est grossier.

Un des exemples le plus flagrant de cela se trouve dans l’histoire des effets spéciaux au cinéma.

Si l’on regarde un film des années 20 (du siècle précédent) – prenons Métropolis ou King Kong (années 30) – les effets spéciaux nous paraîtront grossiers, voire grotesques. Or, les spectateurs de ce temps là se laissaient très facilement impressionner par ces effets, et trouvaient qu’ils reproduisaient très fidèlement la réalité.

Les effets spéciaux des années 30 n’impressionnent plus personne aujourd’hui. Et pourtant, ça n’était pas le cas lors de la sortie de King Kong en 1933

Cela fonctionne avec des films plus récents. J’ai regardé récemment le Spiderman de Sam Raimi en 2002. Les trucages qui passaient pour “avancés” à cette époque, semblent aujourd’hui vulgaires et un peu “old school”. Cela n’a pas empêché le film d’avoir du succès et des millions de spectateurs de se laisser bercer par l’histoire.

Je gage que les effets spéciaux des films d’aujourd’hui paraîtront outranciers et un peu ridicules d’ici 30 à 40 ans. Peut-être même avant.

Conclusion

Ce qu’il faut retenir de ces deux faits, c’est que ce n’est pas le réalisme ou l’apparence de la réalité qui sont des tromperies : la tromperie n’existe que dans la volonté de tromper, peu importe l’apparence des choses. Car ce sont les histoires qui nous transportent et ce qu’on projette dans les images. Et, à la vérité, même si l’apparence de certaines images peut nous faire croire à la réalité, la plupart du temps, ceux qui les regardent sont aussi loin d’être aussi dupes qu’on peut bien le penser. (à ce sujet, revenons un peu à la réalité, j’en avais aussi parlé avec le merchandising de produit lors de notre webinar avec Nfinite).

Tout comme les complotistes, pour la plupart, font semblant de croire à leurs mythes.

Qu’en tirer comme conclusion ? Et quelle leçon en retenir, pour nous, gens du marketing ?

Eh bien, je suis, sans doute comme vous, fascinés par ces influenceurs virtuels auxquels des millions de personnes vouent un culte. Ma première réaction est de m’étonner de la naïveté de ces gens. Mais en réalité, je ne devrais pas penser ça, et plutôt me réjouir que les artistes ou les créatifs, appelez-les comme vous voulez, ont, grâce à la technologie numérique, encore de beaux moyens devant eux pour nous faire rêver et vivre des expériences originales.

Plutôt que d’avoir peur de ces nouveautés, nous devrions les observer avec attention et nous demander comment en tirer partie et raconter de nouvelles histoires autour de nos marques, de nos entreprises, de nos produits.

Je sais que c’est un brin consumériste… mais je ne me surnomme pas Capitaine Commerce pour rien.

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A propos des influenceurs numériques : Le créateur de Lil Miquela, la plus célèbre influenceuse virtuelle, nous raconte le futur des avatars stars

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